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Un Soir après la guerre

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Bastian Meiresonne 4.25


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Poussières de vie

A la vision d'un film comme "Un soir après la guerre", il faut être conscient de l'incroyable pari artistique que représente déjà le tournage d'un tel film.
En 1998, l'état cinématographique cambodgien est encore totalement dévasté. Il n'y a aucun long-métrage à se tourner, les écrans sont très, très, très rares (la séquence tournée à l'intérieur d'un cinéma avec projection d'un vieux film cambodgien tient quasiment du miracle) et – surtout – il n'y a aucune main-d'œuvre suffisamment formée, ni les infrastructures nécessaires à la réalisation d'un long-métrage cinématographique. De même que pour les acteurs, à peine formés dans quelques écoles pas très efficaces ou sur des rares planches de théâtre ou sur des projets télé tournés en DV (mais au jeu cabotin certain). Rien que pour tout cela, "Un soir après la guerre" tient quasiment du miracle, tant Panh donne une nouvelle fois une incroyable léçon de cinéma et d'humilité avec une mise en scène parfaitement maîtrisée, des acteurs renversants et – surtout – une réflexion de tous les instants.
Dès la première séquence d'un long monologue sur fond d'images d'un train qui traverse un magnifique pays cambodgien, le spectateur ne peut qu'être captivé par la magie du film. La suite confirme heureusement cette magistrale entrée en matière avec une histoire finalement très simple d'une histoire d'amour impossible entre deux être paumés. Le postulat de départ (quand même bien moins poignant que son précédent "Les gens de la rizière") ne sert finalement à Panh que d'explorer une nouvelle fois ses propres blessures et pensées par rapport à un pays ravagé par le règne des khmers rouges. Il montre – simplement – les conséquences autant physiques que psychologiques des survivants et des paysages eux-mêmes et met en scène une pléthore de figures criantes de vérité et toutes conséquences de la folie humaine.
Le tour de force de Panh est d'avoir su combiner plus que dans toute autre de ses œuvres, commerce et art; son histoire ressemble finalement à quantité de productions américaines ou même hongkongaises, mais transcende tous ses modèles en réussissant d'insuffler cette incroyable leçon de véracité historique et d'humilité.
 
Un film qui m'a confirmé dans mon choix personnel de nommer régulièrement Rithy Panh comme l'un des tous meilleurs réalisateurs asiatiques en activité (et parmi mes préférés à côté de très grands nom comme Kurosawa), mais avec une note un peu moindre pour le scénario un peu trop commun; néanmoins un très, très, très grand film.
 
(Lire également CINEMACTION N° 128 et la future "encyclopédie des cinémas de l'Asie du Sud-Est" à paraître en octobre 2008).


29 septembre 2008
par Bastian Meiresonne


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